ESCALE AUX ÎLES COOK
La gentillesse naturelle des habitants des Cook n’est un secret pour personne.
Ce peuple fier et généreux, vivant au rythme paisible des îles du Pacifique, accueille toujours ses visiteurs avec des colliers de fleurs et des sourires.
La jeune vahiné déambule le long de la plage de Muri d’une démarche lascive. Ses longs cheveux sombres sertis de fleurs de tiaré délicatement tressées laissent flotter à son passage le parfum envoûtant du monoï.
Il y a plus de mille ans, les ancêtres maori (1) de cette belle vahiné sont partis de Polynésie. Leurs minuscules îles étouffent sous la pression démographique et ils doivent trouver des terres plus accueillantes.
À bord de leurs pahis (2), ils entassent famille et nourriture et parcourent l’océan avec, pour seul instrument de navigation, les étoiles, le soleil et les mouvements de la mer. Les voiles sont en feuilles de pandanus tressé et la navigation se fait à l’œil nu. Lorsque le vent faiblit dans les voiles, les hommes s’activent aux pagaies et s’ils remarquent des oiseaux de mer, un changement dans l’ondulation des vagues, ou l’approche de nuages, ils savent qu’ils ne sont plus très loin des côtes. Après de nombreux naufrages et des pertes humaines importantes, ils s’installent enfin aux Cook.
À la fin du XVIe siècle, les Espagnols et les Portugais seront les premiers navigateurs européens à les apercevoir. Ne pouvant aborder, à cause des nombreux récifs qui les entourent, les Anglais les surnomment « Danger Island ».
Au cours d’un de ses voyages vers la Nouvelle-Zélande, James Cook, accoste sur Rarotonga. L’explorateur anglais reviendra plusieurs fois entre 1773 et 1779 dans celles qu’il appelle Hervey Island. Un siècle plus tard, des navigateurs russes leurs donnent le nom de Cook, en hommage au célèbre aventurier.
Des anthropophages
Les conflits entre populations locales et marins étrangers se transforment souvent en de véritables tueries. L’une des plus grandes hécatombes se déroule pendant l’expédition du Cumberland, un vaisseau venu d’Australie pour rapporter du bois de santal. Des troubles éclatent entre l’équipage et les autochtones, entraînant un massacre épouvantable qui décime les hommes des deux camps.
Ann Butcher, la petite amie du capitaine, sera assassinée puis dévorée et ses os seront enterrés à Muri, près du club de voile actuel. Elle aura eu le privilège d’être la seule femme blanche tuée et mangée par des insulaires du Pacifique.
Après la ronde des explorateurs et aventuriers de tous poils, vient celle des missionnaires anglais. Ils vont s’ingénier à conduire les indigènes vers la religion chrétienne pour les détourner du cannibalisme, une pratique courante et dévastatrice dans tout le Pacifique.
En 1888, les Cook passent sous protectorat britannique, un Parlement Fédéral se constitue à Rarotonga, puis en 1900, la Nouvelle-Zélande annexe l’archipel et en 1965, il devient autonome.
Un minuscule paradis
Situé à mi-chemin entre Tahiti et la Nouvelle-Zélande, il se divise en deux groupes d’îlots. Le Sud, où se répartissent une quinzaine d’îles autour de Rarotonga et le groupe du Nord, qui est constitué de nombreux atolls coralliens à peine peuplés.
Rarotonga vue d’avion est un cercle presque parfait, mais ses mensurations restent modestes. À peine 10 km de large sur une circonférence de 32km, l’île est bordée par un récif extérieur et le centre s’élève sur deux sommets jumeaux, le Te Manga (652m) et le Te Atukura (639m).
En dehors de l’artisanat et de la pêche, les Cook tirent leurs ressources de la culture des oranges, bananes, ananas, coprah et du tourisme. Malgré un éloignement important, bon nombre de visiteurs arrivent de Nouvelle-Zelande, de Tahiti, du Japon ou des USA pour goûter au plaisir des tropiques.
Aventures dans les îles
Le rutilant Rarotongan Express dévale la pente dans un concert étourdissant d’échappement et de klaxons. L’artiste qui a décoré cette jeepknee d’originaire Philippine n’a pas oublié un seul centimètre carré du véhicule. Deux magnifiques sculptures de chevaux bondissent du capot au milieu d’une ribambelle d’avertisseurs chromés. Le conducteur juché sur ses commandes appuie comme un fou sur le klaxon et le couple de touristes qui s’est blotti à l’arrière, voit défiler avec inquiétude la route étroite et escarpée qui mène de l’aéroport international à l’hôtel Rarotongan. Heureusement, l’arrivée à l’hôtel d’Avarua se terminera sans incident.
La capitale Avarua, se trouve au Nord de l’île. Une petite bourgade de style colonial longeant la mer et bordée d’une artère principale, où s’étalent bâtiments administratifs et magasins. Les boutiques proposent des objets artisanaux et des pseudos sculptures maoris made in Taiwan, mais le touriste courageux a mieux à faire. Il doit oublier le shopping et le farniente des plages pour se lancer dans l’ascension sportive du Te Rua Manga. Du haut des 400m de ce roc allongé, surnommé l’aiguille par les habitants, le visiteur bénéficie d’une vue exceptionnelle sur l’ensemble de l’île. Avec un peu d’imagination, il pourrait presque voir les immenses pahi qui ont abordé l’île, il y a plus de mille ans, ou l’impressionnant vaisseau de Cook, voguant toutes voiles dehors au large de la barrière de corail.
LEXIQUE
(1) Peuple du Pacifique Sud, dont l’origine remonte à 5000ans avant notre ère. (2) Voiliers de haute mer, longs de 18m, à double coque taillée en V, qui seraient les ancêtres du catamaran.
FICHE PRATIQUE
Renseignements :
VOYAGEURS DU MONDE – 55, rue Sainte Anne – 75002 PARIS
Tel : 01 42 86 16 99
Formalités :
Un billet de retour et un passeport français. Réservation obligatoire d’une première nuit d’hôtel sur place.
Voyage :
Depuis Paris, avec la compagnie Air New-Zealand. Vingt cinq heures de vol entre Londres – Los Angeles et Rarotonga.
Depuis Tahiti, deux vols par semaine
Prix (depuis Paris) :
7400,00 F + 400 F de taxes d’aéroport.
Monnaie locale :
Dollar néo-zélandais
Transports :
Mini-bus autour de l’île. On peut louer bicyclettes ou chevaux.