RONNIE BIGGS
Rencontre avec le célèbre gangster qui dévalisa le train Glasgow-Londres en 1963, en emportant plus de deux millions et demi de livres sterling, soit l’équivalent de 54 millions d’euros aujourd’hui.
Retrouvé 30 ans plus tard au Brésil, il vivait en totale liberté dans une petite maison de Rio de Janeiro. Il retournera en Angleterre pour se faire soigner ; la cavale d’une vie qui aura duré près de 40 ans pour se terminer en prison.
Grace aux recherches de mon ami carioca* Humberto, nous avons réussi à établir le contact avec l’un des fugitifs les plus connus au monde. Il se terrait en totale liberté dans le quartier de Santa Térésa, au nez et à la barbe de Scotland Yard qui souhaitait tant le capturer.
Le Figaro Magazine s’est mis d’accord avec Biggs pour lui verser 500 $ en « paiement » de son interview. Il n’était plus aussi riche qu’à l’époque de son fructueux hold-up, c’est du moins ce ce qu’il nous affirme avec aplomb. D’après lui, la presque totalité de sa part du butin aurait disparu dans les frais de sa cavale. Chirurgie esthétique (il changea la forme de son nez, ses pommettes et se fit effectuer un sérieux lifting du visage), faux papiers, planques, dépenses de voyages et séjours dans de nombreux pays. Il vécut en Australie sous un faux nom, puis il fit une longue étape en Nouvelle Zélande avant de s »installer définitivement à Rio. Depuis, il a appris le portugais, qu’il parle couramment et il a épousé une jolie brésilienne a qui il a fait un enfant. C’est ce détail familial qui plus tard le sauvera, car grâce à son statut de père d’un enfant brésilien, il bénéficie de la totale protection de son nouveau pays d’adoption. Cette protection lui sera effectivement utile le jour où il failli être enlevé. Le gouvernement de Margaret Thatcher, vexé que ce voleur soit passé entre les mailles du filet, avait demandé à Scotland Yard d’organiser une opération discrète pour kidnapper le gangster et le ramener à Londres pour le juger et le punir. Ce fut le fiasco total car la police secrète brésilienne, ayant un œil sur Biggs, déjoua au dernier moment l’opération et réussit à faire libérer le bandit.
Ronald Biggs habite une modeste maison sur la colline de Santa Teresa et il est difficile d’imaginer que ce gentil retraité n’est autre que le gangster le plus recherché d’Angleterre. En guise de pied de nez à la perfide Albion, et pour amuser la galerie, Ronnie se lance dans une partie de billard, dont la cible est une figurine à l’effigie de Margaret Thatcher.
Des histoires incroyables, Ronnie nous en raconte une ribambelle. Comme cette proposition, on ne peut plus cocasse, que lui fit une agence de publicité locale : participer au film promotionnel d’une des plus grosses entreprises brésilienne spécialisée dans la fabrication de serrures de sécurité. On voit notre homme, au sommet du célèbre Corcovado dominant la baie de Rio, nous confiant avec un sourire engageant : « Quand j’ai fermé ma maison avec les serrures « FAAMA » je n’ai aucun soucis et je ne crains plus les voleurs.
Pour le week-end, Ronnie nous propose de le rejoindre dans sa maison d’Angra dos Reis. Il est en train de terminer la construction d’une jolie habitation située à l’endroit très prisé des plus grandes fortunes du Brésil. Le richissime chirurgien Ivo Pitangui y possède même une île, avec une somptueuse villa et une piste d’atterrissage pour son hélicoptère. Entre gens investis du « pouvoir de l’argent », on se sent bien, non ?
Pour réaliser une photo « percutante », j’ai eu l’idée d’acheter un train miniature, auquel je comptais atteler un wagon de train postal britannique. Mais, ayant fureté dans tous les magasins spécialisés de Paris, et n’ayant pas dégoté l’objet de mon délire, je décide de me rabattre sur Rio. Au lieu d’un wagon aux identification des Post-Office anglais, ce sera un train avec des wagons identifiés en langue portugaise et du coup, il remplacera avantageusement celui dont je rêvais. C’est dans le décor d’Angra dos Reis, que je décide de mettre en œuvre ma photo clin d’œil. Le Ronnie, toujours partant pour faire des facéties, joue le jeu avec délectation. Nous voici donc sur une plage de rêve, des eaux cristallines et un gentil bandit bronzé qui pose fièrement derrière un train brésilien miniature posé sur des rails. Ronnie ira jusqu’à nous désigner en souriant l’objet qui fut la cible de toutes ses convoitises.
Au cours de l »interview que j’ai photographiée et filmée, Humberto accompagne avec sa guitare un Ronald Biggs déchainé qui entame à gorge déployée… Help, i need somebody, help, des Beatles.
Les années ont passées et en 2001, j’apprends par la Presse internationale que Biggs, affaibli par un AVC a accepté de revenir à Londres pour se faire soigner. Malheureusement, les événements ne se sont pas aussi bien passés qu’il l’espérait. L’avion, affrété par un célèbre tabloïd anglais (sous un arrangement financier que Mickael, le fils brésilien de Roonie, a « négocié ») est accueilli sur le Tarmac londonien par une armée de policiers qui le mènent manu-militari en prison. Il y sera soigné; mais en 2009, libéré pour raisons de santé, il passera les quelques années qui lui restent à vivre dans une pension de retraite. Il y mourra le 13 décembre 2013.
Bien triste fin pour en gentlemen voleur, qui se targuait d’avoir effectué un incroyable hold up, sans qu’il y est eu une seule mort d’homme.
- habitant de Rio de Janeiro